lundi 22 juillet 2013

Le reflet

Fais toi une raison, tu ne seras jamais que le deuxième homme (,) l’ami. Reflet du premier mais jamais lui-même, une image un peu lointaine.

                Quoi que tu fasses tu resteras dans ce miroir, piégé entre le verre et le métal dans un froid glacial. Prison polie aux contours dorés, voilà le domaine de ta vie.
                Tu n’es ni moi, ni eux, tu n’es personne, ombre de lumière. Condamné à imiter sans jamais égaler. Tu cherches sans cesse qui tu es, sans te rendre compte de la vérité. Jusqu’au jour où l’on dispose un autre miroir en face et que tu découvres ce que tu es. 

Ton monde éclate, tu te brises en d’innombrables morceaux. Éclats de verre coupants qui sont autant de personnalités que tu n’es plus. Les bris de glace lacèrent la chair des passants. Tu te teintes de rouge et ce sang devient le tien, tu prends conscience…
La douleur n’est pas nouvelle mais elle est pour la première fois véritable. C’est le premier sang versé, le premier cri, un baptême.

Pourquoi faut-il que l’éveil se fasse par la chute ?


Il n’y a alors pour toi que deux solutions : finir en morceaux dans la folie et le désordre d’une décharge ; ou bien être refondu, recyclé, et finir sous une nouvelle forme. Mais si le verre s’est brisé, le fond de métal est lui resté intact.